Des élèves de Première et de Terminale au Mémorial de Caen : rencontre avec Ginette Kolinka - Lycée Léopold Sédar Senghor

Des élèves de Première et de Terminale au Mémorial de Caen : rencontre avec Ginette Kolinka

, par Olivier BEAUMESNIL

Cette année, plusieurs élèves de Première (L1) et de Terminale (ES3 et S5) participent à un projet soutenu par le Mémorial de la Shoah et par la Région Normandie. Ce projet de longue haleine, encadré par Luc Daireaux (professeur d’histoire-géographie), Agnès Prevelle (professeure-documentaliste) et Franck Tuleff (professeur de lettres et de cinéma), s’intitule « Témoigner sur la Shoah ». L’un des points forts de l’année sera un voyage d’étude à Auschwitz le 18 janvier prochain. Le travail mené avec les élèves doit conduire à la production et à la réalisation d’une émission radiophonique. Celle-ci sera présentée au lycée puis au Mémorial de Caen, le 17 mai 2017.

Le jeudi 8 décembre 2016, une vingtaine d’élèves s’est rendue au Mémorial de Caen. Ils étaient accompagnés par des camarades du Lycée Louis-Modeste-Leroy, encadrés par Marc Betton et Virna Grzanka.

Les élèves des Lycées Louis-Modeste-Leroy et Léopold-Sédar-Senghor et leurs professeurs devant le Mémorial de Caen, le 8 décembre 2016

Après une visite dense et riche du musée, les lycéens ont eu le privilège d’assister à une conférence donnée par Ginette Kolinka. Née en 1925 dans une famille juive non pratiquante – son grand-père paternel a quitté la Russie pour la France, sa mère est d’origine roumaine –, Ginette Cherkasky passe son adolescence dans un Paris occupé par les Allemands. Après une première tentative pour fuir en zone libre – tentative qui vaut à Ginette et à deux de ses sœurs, Sophie et Lucienne, un séjour en prison à Angoulême –, la famille parvient à s’installer en Avignon en 1942. Léa Marcou, la sœur aînée de Ginette, est arrêtée à l’occasion d’un séjour parisien. Le 13 février 1943, elle est déportée à Auschwitz par le convoi n° 48 au départ de Drancy. Elle ne reviendra pas. Le 13 mars 1944, à Avignon, Ginette est elle-même arrêtée avec son père, Léon (né en 1883), son frère, Gilbert (né en 1931), et son neveu, Georges Marcou (né en 1929), le fils de Léa. Emprisonnés à Marseille puis détenus au camp de Drancy, Ginette et sa famille sont déportés à Birkenau par le convoi n° 71, le 13 avril 1944. Léon et Gilbert sont exterminés dès l’arrivée en Pologne. Georges est assassiné en février 1945. Ginette, affectée à un kommando chargé de casser et de transporter des pierres, parvient néanmoins à résister à l’horreur de Birkenau. Elle est transférée au camp de Bergen-Belsen en novembre 1944. A la fin février 1945, elle se retrouve au nord de Leipzig, à Raguhn, pour travailler dans une usine d’armement, puis, quelques semaines plus tard, non loin de Prague, à Theresienstadt (Terezin), lieu vers lequel convergent alors des milliers de déportés. L’Europe nazie s’effondre en avril-mai 1945. Tombée dans le coma, Ginette Cherkasky est rapatriée en France, d’abord à Lyon puis à Paris, en juin 1945. Elle retrouve très vite sa mère et quatre de ses sœurs, lesquelles ont échappé à la déportation. A sa famille – son mari, Albert Kolinka (1913-1993), son fils, Richard, ses petits-fils, Roman et Mathis –, Ginette parle peu de cette période si dure de sa vie. Depuis l’an 2000, elle est pourtant engagée, avec une incroyable ardeur, dans la transmission et le témoignage, ce qu’elle a fait une nouvelle fois auprès de 150 élèves normands ce jeudi 8 décembre. A l’issue de la conférence, Ginette Kolinka a accepté de répondre aux nombreuses questions des lycéens et leur a dédicacé l’ouvrage que lui a consacré Philippe Dana (Ginette Kolinka. Une famille française dans l’Histoire, Paris, Kero, 2016) avec des mots puissants et émouvants.


Au Mémorial de Caen, le 8 décembre 2016, Ginette Kolinka dédicaçant l’ouvrage que lui a consacré Philippe Dana ; dédicace de l’ouvrage, à consulter au CDI du lycée.

Police pour dyslexie ?
Interlignage double ?